Un débat a eu lieu hier matin au Parlement Européen sur les dernières mesures du Conseil européen et du Conseil économie et finances. A cette occasion, en tant que vice-président du groupe de la GUE/NGL, j’ai énergiquement protesté contre les dispositions envisagées.

« Je crains que la crise soit bien plus grave et bien plus profonde que vous ne le dites. Vous ne pouvez pas prétendre calmer les marchés financiers sans revenir sur un sacro-saint principe que vous avez inscrit dans les traités : celui de la liberté totale de circulation des capitaux, qui est aussi celui de la liberté totale de spéculer. Sans revenir non plus sur ce fameux principe de « concurrence libre » qui n’est en fait que l’organisation de l’inégalité de concurrence entre les salariés de l’Union européenne. Ce que vous nous proposez n’est que la fuite en avant dans une logique désastreuse.

Vous mettez beaucoup d’argent sur la table mais c’est pour rassurer les marchés financiers. Aux peuples vous promettez du sang et des larmes.

Vous avez fait entrer le Fonds monétaire international dans la bergerie européenne. Ultime humiliation pour ceux qui comme vous avez promis une Europe forte et protectrice. Mais pourquoi le Parlement européen n’a-t-il pas été consulté sur ces décisions comme le prévoient les Traités que vous défendez ?

Vous voulez maintenant procéder à un coup de force, à une véritable usurpation de pouvoir pour renforcer le pacte dit de « stabilité » en contrôlant a priori les budgets nationaux parce que vous voulez être sûrs de l’application d’une purge sociale pour rassurer les pieuvres des marchés financiers.

Vous nous parlez sans cesse de déficit et pour cela vous proposez de réduire les dépenses sociales et publiques. Mais pourquoi n’évoquez-vous jamais les manques de recettes dus à la baisse de la fiscalité sur le capital, à l’inégalité de plus en plus grande dans la répartition des fruits du travail de plus en plus pillé par ce même capital, sans parler des énormes dépenses d’armement ? Il n’y aura pas d’Europe sociale sans Europe démocratique.

Voilà pourquoi nous redemandons :

– Une modification des statuts et du rôle de la Banque centrale européenne, qui doit être placée sous le contrôle du pouvoir politique et avoir pour objectif la mise à disposition d’un crédit incitatif à l’emploi, aux salaires, à la formation, aux investissements pour un développement durable et écologique ;

– Une vraie solidarité européenne visant à la fois le progrès pour tous et la réduction des écarts de développement dont souffrent les pays nouvellement entrés dans l’union ;

– Une nouvelle architecture économique permettant d’augmenter la fiscalité sur les profits non réinvestis ;

– La fermeture des paradis fiscaux ;

– La taxation des mouvements de capitaux.

Au lieu de ce corset du pacte de stabilité, mettons en débat un nouveau pacte de développement durable pour le travail et la formation, la protection sociale et les services publics ».

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